L’histoire du Bob, ou chapeau seau

Disparu du paysage, le bob signe aujourd’hui son grand retour parmi les tendances du moment : à porter en été comme en hiver, au soleil ou sous la pluie, il fait désormais partie des accessoires cultes et incontournables. Avec des imprimés en tout genre ou des matières élégantes comme le coton ou la laine, le bob a su se réinventer. Retour sur l’histoire de ce couvre-chef autrefois purement fonctionnel.

Le bob 

Un bob est un petit chapeau rond et mou, présentant une calotte ajustée à la tête, et un petit bord plein incliné généralement vers le bas. Le bord peut aussi se porter plié vers le haut : à l’avant, à l’arrière ou sur toute sa circonférence.

Ce chapeau peut être réalisé dans toute sorte d’étoffe en passant de la toile au vinyle. Il rencontre un fort succès pour son côté pratique et fonctionnel. Il permet de se protéger du soleil comme de la pluie, tout en gardant une bonne visibilité. En plus, il se plie aussi très facilement pour être rangé. Rien d’étonnant à ce que ce chapeau soit utilisé par les pilotes de planeur, ou encore par les pêcheurs.

Le bob a l’avantage d’être un chapeau unisexe et convient à toutes les générations, petits ou grands, tout le monde le porte ou l’a déjà porté. 

Ses origines 

Le couvre-chef en forme de seau retourné, nommé bucket hat (chapeau seau) aux Etats-Unis, n’a à l’origine pas été conçu à des fins esthétiques.

C’est aux environs des années 1900 que le bob aurait commencé à être porté. Le bob est alors une pièce purement ergonomique dont se couvrent pêcheurs et fermiers irlandais en guise de protection contre la pluie. Il présente de larges rebords qui protègent le visage des projections d’eau et du soleil. Il était originellement fabriqué en feutre ou en tweed, car la lanoline contenue dans la laine non lavée offrait au chapeau un effet naturellement déperlant. 

On retrouve également à la fin du XIXème/début du XXème siècle, des photos de marins pêcheurs Bretons, dans la région proche de Quimper, portant ces chapeaux de pluie, comme le montrent les cartes postales ci-dessous. 

À partir de l’entre-deux-guerres, ces chapeaux de pêcheurs se répandent à l’échelle internationale pour les activités extérieures pour son côté pratique. 

Le bob et l’armée

Pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi la guerre du Vietnam, une version standardisée du Bob en coton kaki, est remise à l’armée américaine. Les soldats portant ce chapeau étaient surnommés les Roberts, d’où le diminutif Bob en Français. 

L’armée américaine a également introduit le « Boonie Hat » pendant la guerre du Vietnam, aussi bien porté par les soldats américains que par les soldats de l’armée de la République du Vietnam.

Très similaire au Bob, le Boonie diffère du bob par une calotte plus plate, un bord plus rigide. Il était agrémenté de liens de serrage sous le menton et de boucles autour de sa couronne : ces boucles étaient conçues dans le but de contenir des feuillages servant de camouflage.

Des variantes du bob, en denim et en sergé bleu marine, ont été émises par l’US Navy, avec des bords allongés et surnommés « Daisy Mae ». Mais aussi un autre modèle blanc très célèbre, avec la calotte plus courte et le bord plus long pour être porté relevé : le Dixie cup hat. 

L’entrée dans la culture populaire

C’est dans les années 60 que la mode, comme beaucoup de pièces issues du vestiaire militaire, se réapproprie le bob et le décline à l’envie sous des versions plus esthétiques que pratiques. Le bob se pare de couleurs et d’imprimés. Il est alors porté par la nouvelle génération, notamment les membres de la sous-culture Mod. Le courant Mod (pour modernist), est né en Angleterre, à Londres, à la fin des années 50. Les mods, qui sont généralement de jeunes urbains, se caractérisent par un mode de vie festif et hédoniste, une passion pour leur style vestimentaire particulier et recherché, et leur goût pour la musique et la danse. Ils s’inspirent alors des looks de leurs groupes culte : The Who, The Small Faces, The Kinks, etc. 

Dans les années 70, le vêtement militaire est porté par les jeunes comme signe de protestation et de dérision contre les conflits militaires. Ces vêtements provenaient des surplus militaires fréquents à cette époque. Un nouveau style unisexe est apparu. Le bob est alors toujours présent dans les rues.

À mesure que les pays se sont démilitarisés dans la seconde partie du XXe siècle, les habits militaires comme le bob, sont devenus une grande source d’inspiration des stylistes de mode.

Pendant les années 80 et 90, ce chapeau est à son apogée sous l’impulsion du mouvement hip-hop et des rappeurs US qui en font un accessoire identitaire, de Big Bank Hank du Sugarhill Gang à Jay-Z, en passant par les membres de Run DMC. Le bob est également présent sur les podiums, comme sur le défilé printemps/été 1994 de Chanel, où Karl Lagerfeld propose le bob dans une version chic en tweed coloré. 

En France, malheureusement, ce chapeau se réduit vite au « bob Cochonou » du Tour de France. A la fin des années 2000, perçu comme cet accessoire publicitaire ringard pour des évènements sportifs, le bob est moqué, stigmatisé, et devient progressivement le comble du mauvais goût. 

Le bob aujourd’hui

Aujourd’hui le bob est un accessoire de mode incontournable. Il reste ce chapeau intemporel qui parle à tous ceux qui ont grandi dans les années 90. Il est encore largement produit, et utilisé par les forces armées du monde entier. 

Le bob a gagné en popularité ces dernières années avec la renaissance des vêtements aux tendances 90’s/Y2K. La nostalgie de ces années-là fait réapparaître des accessoires que l’on pensait enterrés à jamais. Il continue parallèlement à avoir une forte présence dans la culture rap et streetwear. Ce chapeau s’impose aussi bien sur les podiums que dans la rue. Il aura fallu attendre la toute fin des années 2010 pour que des créateurs, comme Dior, Prada ou Jacquemus, fassent de nouveau du bob un objet de désir. En tweed, en velours, ou en sergé de coton, le bob a su se réinventer. Du style sportswear au look néo-bourgeois, le bob s’adapte et se porte par tous les temps. 

Cet énième retour du bob se place dans l’engouement actuel pour la mode des années 90/Y2K.

Et vous, allez-vous (re)craquer pour la tendance du bob ?

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