Interview avec la fondatrice de Hesra Studio, Marie Morvan

Interview

mai 22, 2022

Rencontrez Marie Morvan, la fondatrice de Hesra Studio. Pour cette interview, Marie se prête au jeu des questions : elle parle de son parcours, ses inspirations et sa vision de la mode.

Commençons par le début

Bonjour Marie ! Pouvez-vous commencer par nous parler brièvement de votre parcours et de vos origines ?

Bonjour ! Je suis originaire de Pont-L’abbé, une commune du Finistère sud en Bretagne, où j’ai grandi toute mon enfance. Je suis d’ailleurs revenue y habiter récemment. C’est une région qui a une forte identité culturelle par ses traditions : la danse, la musique, le costume ou la nourriture. La mer étant juste à côté, la culture surf est également très présente.

Pour ce qui est de mon parcours, après un bac scientifique, et une première expérience dans le domaine de l’esthétique et de la parfumerie, je me suis réorienté dans le costume de scène (habilleuse et costumière) à Cannes, ainsi que dans la mode à Paris.

Quand et comment Hesra est né ?

En 2019, après avoir obtenu mon diplôme de costumière, c’est là que l’idée m’est apparue pour la première fois. Je visualisais souvent une forme précise de pièce ou d’accessoire. Je me faisais donc certains vêtements pour aller en soirée, je composais mes bijoux, quand je ne trouvais pas ce que je voulais dans le commerce. J’ai remarqué que ça attirait l’œil de mon entourage. Et c’est après la vague du covid, quand je suis rentrée de Paris, que j’ai saisi l’opportunité de me lancer dans ce projet.

Pourquoi avez-vous choisi le nom Hesra ?

Hesra est une invention. J’aime beaucoup l’esthétique de la Grèce antique, sa mythologie, ses divinités, son architecture. C’est une période en histoire de l’art que je trouve très inspirante. Et j’ai découvert le prénom Ezra. J’ai aimé sa sonorité que l’on peut rapprocher de celle d’une déesse antique. J’ai alors décidé de transformer son orthographe pour lui donner une connotation grec. Hesra était né, sorte de mélange entre le nom des déesses Hestia et Hera.

Les influences mode et design

Qu’est-ce qui inspire vos créations ?

Je suis costumière alors je suis très inspirée par l’histoire de la mode et de l’art, le cinéma, ou encore le costume traditionnel de ma région : le costume bigouden. Je me tiens aussi très au fait des dernières tendances, et des défilés de maisons de couture. Le tout conjugué m’aide à imaginer les modèles.

Listez quelques-unes de vos influences en matière de conception, passées et présentes.

Je suis particulièrement influencée par l’histoire de la mode et le cinéma. Je crois même que c’est grâce au cinéma que m’est venue cette passion pour la mode et le costume. Certains films m’ont particulièrement marqué et inspiré depuis mon enfance. Je pense par exemple aux films de Jacques Demy (Peau d’âne, Les demoiselles de Rochefort, Les parapluies de Cherbourg) que je regardais chez ma grand-mère. Et mes périodes de prédilection en histoire du costume sont l’antiquité, la renaissance, le 18ème siècle, la belle époque, et la deuxième moitié du 20ème siècle.

Quelles sont vos icônes de mode ?

J’aime cette idée d’icône. Je pense que nous sommes tous consciemment ou inconsciemment influencés par des modèles. Naturellement je trouve mes références en termes d’icônes de mode dans le cinéma et la musique, qui ont un lien très étroit avec la mode : des actrices des années 60 et de la nouvelle vague (Jane Birkin, Catherine Deneuve, Romy Schneider, Jane Fonda, Brigitte Bardot, Françoise Hardy) ; aux Supermodels et actrices 90’s (Vanessa Paradis, Monica Bellucci, Claudia Schiffer, Christy Turlington, Kate Moss), en passant par les pop stars des années 70’s-80’s (Deborah Harry, Isabelle Adjani).

Style personnel et vision de la « mode »

Qu’est-ce que la « mode » signifie pour vous ?

La mode c’est le reflet de tellement de choses. C’est un marqueur temporel qui en dit long sur les mœurs et la société d’une époque. Même si c’est un sujet qui peut paraître futile, et que tout le monde ne s’y intéresse pas forcément, la mode nous impacte tous. La mode permet aussi à chacun d’exprimer sa personnalité et de jouer avec les codes et l’image que l’on offre au monde. Elle est très riche de sens, c’est une vraie forme de langage. Nous jouons notre propre rôle dans la vie de tous les jours, la mode théâtralise en quelque sorte notre quotidien.

Comment décririez-vous l’esthétique de votre marque ?

Pour moi Hesra c’est un mélange d’inspirations vintages et contemporaines. J’essaye de créer des associations entre les dernières tendances de mode et des références culturelles et historiques. J’aime travailler des coupes simples mais avec des étoffes et des détails recherchés, pour un résultat à la fois éclectique et intemporel.

Comment décririez-vous votre style personnel ?

Je dirais que mon style personnel est plutôt dans un genre classique minimaliste. Je porte souvent des pièces aux coupes simples et intemporelles, dans une palette neutre, auxquelles je viens ajouter un élément ou un accessoire fort, dans l’air du temps, qui va venir achever ou relever le look. À mon avis, l’accessoirisation est très importante. C’est ce qui permet de suivre l’évolution des tendances sans avoir à changer complètement sa garde-robe.

Et enfin, selon vous, à quoi ressemblera l’industrie de la mode dans 10 ans ?

Difficile de prédire à quoi ressemblera l’industrie de la mode dans 10 ans. Une chose est sûre c’est que nous sommes entrés dans une période de changement. Il y a une vraie prise de conscience aujourd’hui. On ouvre les yeux sur ce qu’il se passe. On ne parlait pas encore de la fast fashion il y a 15 ans. De plus en plus de personnes prennent conscience du mode de consommation qu’on a atteint. Nous sommes dans une société de surconsommation : produire toujours plus, toujours plus vite, toujours moins cher. Cette surproduction engendre une offre excessive qui ne fait que susciter une fausse demande.

A l’avenir il faudrait revenir à l’essentiel, s’orienter vers des pièces de bonne qualité et de bonne facture, fabriquées en moins grande quantité et qui vont durer plus longtemps dans le temps. Nous devons apprendre à reconnaître la vraie valeur des choses, la qualité d’un vêtement, d’un accessoire, et d’un savoir-faire ; consommer de manière plus consciente.